PartageNR #3 | Marie-Céline Plourin, Directrice Développement Durable, Edenred
28/08/2020 par INR
Marie-Céline Plourin, Directrice Développement Durable chez Edenred partage pour nous l’engagement de l’entreprise pour un numérique plus responsable.
| Bonjour Marie-Céline, pouvez-vous nous présenter le groupe Edenred ?
Edenred France accompagne au quotidien les acteurs du monde du travail. Sa plateforme de services et de paiements connecte 6 millions de salariés utilisateurs et 380 000 commerçants partenaires via 140 000 entreprises clientes en France. En 2019, grâce à ses actifs technologiques globaux, le Groupe Edenred a géré dans le monde plus de 2,5 milliards de transactions de paiement à usages spécifiques, représentant un volume d’affaires de 31 milliards d’euros, réalisées à hauteur de 83% via applications mobiles, plateformes en ligne et cartes.
Les 1 200 collaborateurs d’Edenred France s’engagent au quotidien pour faire du monde du travail un monde connecté plus simple, plus sûr et plus efficace.
Edenred France propose des solutions de paiement à usages spécifiques dédiées à l’alimentation (Ticket Restaurant®), à la mobilité (Ticket Fleet Pro, Ticket Mobilité), à la motivation et au bien-être (Kadéos, ProwebCE, CleanWay, Ticket CESU, Ticket Service), et aux paiements professionnels (cartes virtuelles).
Ces solutions améliorent le bien-être et le pouvoir d’achat des salariés, renforcent l’attractivité et l’efficacité des entreprises, et vitalisent l’emploi et l’économie locale.
Créateur de Ticket Restaurant®, Edenred France est le leader du marché du titre-restaurant et de sa digitalisation avec 1,9 million de salariés utilisateurs, et 1,2 million de cartes actives. La carte Ticket Restaurant® est également la première solution digitale à avoir proposé le paiement mobile dès 2015 et le partenaire privilégié de plus de 40 plateformes de livraison de repas en France.
Ce métier et notre digitalisation croissante nous confèrent un large panel de responsabilités mais aussi des opportunités pour sensibiliser et engager notre écosystème dans notre démarche RSE, dont fait partie le numérique responsable.
| Pour quelles raisons avez-vous signé la charte NR ?
A l’origine, nous avons été interpellés par le WWF pour participer à un projet destiné aux grandes entreprises afin d’évaluer leurs connaissances sur le numérique responsable ainsi que l’impact environnemental de leur Système d’Information. Cette étude, menée conjointement avec le club GreenIT (devenu Collège Grandes Entreprises de l’INR), a été un premier pas dans la découverte de ce que recouvre le NR dont nous avons tous une vision tronquée et restreinte. Nous avons obtenu un score assez honorable, mais cela identifiait aussi, et c’était tout l’enjeu, nos axes d’amélioration.
« Pour nous, être signataire c’est prendre un engagement public et concret. C’est également une façon de mettre « un pied à l’étrier » globalement à toute l’entreprise et de sensibiliser nos salariés. »
La Charte Numérique Responsable s’est alors inscrite naturellement, car pour mener cette étude, nous avons collaboré avec la DSI. Pour nous, être signataire c’est prendre un engagement public et concret. C’est également une façon de mettre « un pied à l’étrier » globalement à toute l’entreprise et de sensibiliser nos salariés.
| Comment votre engagement pour un numérique responsable se traduit-il dans votre politique RSE ?
Il existe mille et une causes sociétales et environnementales à traiter, et elles sont toutes nobles, mais on ne peut pas toutes les traiter. Il faut qu’elles soient en lien avec notre activité et notre capacité d’action. Nous avons quatre champs de responsabilité prioritaires : l’aide alimentaire, le gaspillage, l’inclusion et le numérique responsable. Sachant que bien évidemment le numérique responsable est le petit dernier et qu’il est bien moins mature dans notre organisation que l’aide alimentaire que nous traitons depuis plus de 20 ans. Cela démontre simplement qu’une politique RSE n’est jamais figée et évolue aussi avec la stratégie de l’entreprise (la digitalisation de nos solutions ne fait que croître) et les attentes de son écosystème.
« Une politique RSE n’est jamais figée et évolue aussi avec la stratégie de l’entreprise […] et les attentes de son écosystème. »
Nous abordons le numérique responsable de la même façon que nos autres champs de responsabilité : selon un plan progressif et avec force de pédagogie tant vis-à-vis de nos interlocuteurs internes qu’externes.
Pourquoi le numérique responsable est-il de notre responsabilité (quels sont les enjeux sociétaux et environnementaux qu’il soulève ?)
Comment puis-je contribuer individuellement ? Comment pouvons-nous agir collectivement
Quel est notre plan d’actions (en co-construction avec les acteurs internes qui en sont les principaux contributeurs) ?
Comment embarquer notre écosystème (clients, utilisateurs, nos partenaires marchands) sur ce champ de responsabilité ?
Quels sont les partenaires (start-up, associations, réseaux…) sur qui nous appuyer ?
| Quelles actions avez-vous réalisées pour embarquer les collaborateurs et collaboratrices sur le NR ?
La RSE est un sujet mouvant en perpétuelle évolution, aussi comme pour toute thématique RSE qui monte en puissance (le numérique responsable, la raison d’être, la triple comptabilité…) nous devons tout d’abord au sein de la direction RSE monter en compétences et en connaissances sur le sujet. Ainsi nous pouvons être de bons relais en interne auprès des métiers les plus concernés. Pour le moment il s’agit principalement de la DSI et cette démarche nous permet aussi de mieux appréhender leurs métiers et y instaurer des réflexes RSE. Dans cette optique nous avons profité du confinement pour nous former à la fresque du Numérique.
« Nous disposons également d’un réseau d’ambassadeurs RSE dont 3 personnes sont issues de la DSI. »
Nous avons classiquement mis en œuvre des actions de communication auprès de tous nos collaborateurs pour les informer de notre signature de la Charte Numérique Responsable, notamment sur notre intranet. Nous l’avons ensuite intégré dans nos différents outils de communication internes et externes.
Dans le prolongement nous avons réalisé un questionnaire aux salariés de la DSI. Une question ouverte à la fin du questionnaire leur a permis de nous soumettre leurs pistes d’actions et propositions. Nous avons ainsi collecté de nombreuses suggestions pour alimenter le plan d’actions.
Nous disposons également d’un réseau d’ambassadeurs RSE dont 3 personnes sont issues de la DSI. Ces personnes sont volontaires et friandes du numérique responsable. Régulièrement, nous réalisons des moments de rencontre collectifs ouverts à tous les salariés pour comprendre un métier, un projet (suspendu actuellement en raison du Covid-19). Celui dédié à la DSI intégrait le numérique responsable.
| Quelles sont les actions que vous avez déjà mises en œuvre et avez-vous rencontré des difficultés ?
L’étude du WWF a mis en avant de bonnes pratiques telles que : le prolongement de la durée de vie de nos terminaux avec le recyclage et quand cela est possible, le reconditionnement de nos smartphones, PC et la gestion de leur fin de vie avec notre partenaire AFB, l’extinction des postes de travail le week-end, la gestion du parc d’impression…
Par ailleurs, notre participation à l’enquête du WWF nous a amenés à mobiliser plusieurs personnes de la DSI et nous a montrés la complexité d’obtenir certaines données, notamment en ce qui concerne le stockage de nos données chez nos prestataires de cloud privé et public (type de serveurs, nombre et types de baies, etc.) Cela a soulevé l’importance de la production d’indicateurs de suivi.
Il est donc nécessaire de sensibiliser et d’expliquer les enjeux de suivi de ces données pour qu’ils deviennent des indicateurs de performances de notre démarche RSE tant d’un point de vue environnemental mais aussi social puisque les conditions de fabrication des terminaux informatiques sont souvent pointées du doigt.
Récemment dans le cadre d’un AO, la DSI a intégré un volet RSE sur 5% de la note incluant spécifiquement la dimension du NR. Le service RSE n’est pas directement à l’origine de cette intégration, ce sont les métiers qui ont tout de suite eu le réflexe d’intégrer naturellement ce volet. C’est le résultat d’une appropriation et maturation du sujet et des actions que l’on a menées ensemble comme la signature de la charte NR par exemple.
En effet, en tant que commanditaire, c’est une responsabilité essentielle que de retranscrire notre démarche dans nos appels d’offres et nos conditions d’achat pour inciter nos fournisseurs à s’engager en leurs adressant un message clair : « le sujet est important, vous devez vous en saisir, il est aussi de votre responsabilité ».
| Quelles prochaines actions avez-vous prévues pour progresser dans votre démarche NR ?
Pour que les personnes s’emparent et portent un sujet, il est indispensable d’avoir compris ses contours, ce qu’il recouvre, ses enjeux et en quoi il est de notre responsabilité de le traiter.
« Un des principaux enjeux demeure la montée en compétences des équipes de la DSI et du marketing digital. »
Aussi, un des principaux enjeux demeure la montée en compétences des équipes de la DSI et du marketing digital. Courant octobre, nous avons des temps forts dédiés à la RSE qui porteront cette année sur le thème du numérique responsable avec entre autres une intervention de sensibilisation, à distance et pour tous, en collaboration avec votre Institut.
Nous suivons le nombre de personnes clés formées au numérique responsable. Cet indicateur est intégré dans nos éléments de performance environnementale dans le cadre de nos certifications ISO 9001 et ISO 14001.
Dans un futur proche, nous le souhaitons, nous devons aussi nous atteler à ce que « l’obésité fonctionnelle » des logiciels, de nos sites et applications soit prise en compte.
Interview réalisée par Bastien Ducruezet,
Collaborateur d’Isia intervenant pour le compte de l’Institut du Numérique Responsable