PartageNR #13 | Safia D’ziri et Michel Roux des Services Départementaux de Loire-Atlantique
25/05/2023 par INR
Safia D’ziri, Directrice Solutions Numériques, et Michel Roux, Adjoint à la directrice, des Services Départementaux de Loire-Atlantique partagent avec nous l’engagement de leur institution pour un numérique responsable en action.
| Pour commencer, pouvez-vous nous présenter le Département de Loire-Atlantique ?
La collectivité du Département de Loire-Atlantique compte près de 5000 agent.es pour assurer les missions de services publics auprès des 1,4 millions d’habitants du territoire dans les domaines suivants : infrastructures routières et ouvrages d’art, aide et solidarité, patrimoines naturels et culturels, éducation et sport. Le numérique est au cœur de la gestion de toutes ces activités avec 2 datacenters, un parc de 500 applicatifs logiciels, et près de 30 000 équipements.
| Pour quelles raisons avez-vous signé la charte NR ?
La volonté de considérer la soutenabilité écologique comme un axe d’orientation de la politique numérique du département a été inscrite en 2018 dans le schéma directeur de la Direction solutions numériques. En effet, au regard de la forte dématérialisation induite par le développement de nouveaux usages, et de la forte demande en termes de politique d’équipement en mobilité pour les 100 métiers de la collectivité, il est apparu nécessaire de se doter d’une doctrine permettant de limiter l’impact écologique des services départementaux sur ce sujet.
Puis en 2022, le nouveau projet stratégique du Département porté par la mandature du Président Michel Ménard prévoit un plan d’action sur la sobriété et la résilience de la collectivité pour lutter et faire face au changement climatique ainsi qu’un volet pour l’inclusion numérique des usagers. La signature de la charte NR s’inscrit dans ce contexte avec la volonté d’afficher ces engagements pour encourager d’autres administrations publiques du territoire à s’engager sur cette voie.
| Comment votre engagement pour un numérique responsable se traduit-il dans votre politique RSE ?
Il se traduit par 2 engagements majeurs vis-à-vis des citoyens dans le cadre du projet stratégique de la collectivité :
- Contribuer à l’inclusion numérique dans le cadre de l’action sociale de proximité et insertion
- Faire preuve d’exemplarité écologique en matière de numérique
Et plus opérationnellement, il se traduit par un axe d’orientation « Pour un numérique soutenable et inclusif » inscrit dans le schéma directeur numérique :
en 6 actions pour la soutenabilité écologique :
- Mesurer l’impact écologique des systèmes numériques de la collectivité
- Analyser les pistes d’économies possibles pour réduire l’empreinte
- Systématiser l’évaluation de l’empreinte écologique des projets
- Favoriser l’achat de matériel durable et définir une politique d’équipement sobre
- Mettre en œuvre des datacenters plus écologiques
- Développer l’écoconception et l’accessibilité
- Sensibiliser les agents aux écogestes
et 5 actions pour le volet inclusion :
- Évaluer l’éloignement des usagers à l’échelle du Département
- Veiller à mettre en œuvre les palliatifs nécessaires à l’accessibilité pour les démarches en ligne
- Mettre à disposition des ressources numériques auprès des plus éloignés
- Déployer des points d’accès numérique libre-service sur les Espaces départementaux des solidarités
- Former les professionnels du social à l’accompagnement numérique
| Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ?
Les deux principales difficultés sont les suivantes :
- Tenir la politique d’équipement vis-à-vis des professionnels qui souhaite plus d’équipement (un troisième écran par exemple) pour améliorer l’efficience de leurs actions au quotidien, ce qui est parfois très légitime au regard de leurs missions.
- Garder une dynamique positive sur la sensibilisation aux écogestes afin que le taux d’engagement des agents se maintiennent, voire augmente, notamment lors la semaine du nettoyage, mais aussi tout au long de l’année.
Une autre difficulté ou plutôt un point de vigilance est d’identifier les dogmes et ou réflexes en vigueur qui peuvent nuire aux nouvelles orientations. Par exemple : remplacer la consigne d’achat au meilleur rapport coût/qualité par la prise en compte de la durabilité même si les coûts sont plus élevés.
| Comment votre organisation contribue-t-elle à la diffusion des enjeux et des bonnes pratiques du numérique responsable auprès de vos parties prenantes externes ?
Des retours d’expériences sont réalisés régulièrement auprès de nos réseaux et des présentations sont faites aux partenaires à qui nous déléguons des missions. Un ensemble de ressources est également disponible et régulièrement mis en avant sur nos espaces collaboratifs internes (intranet). A noter également, le lancement il y a quelques jours du MOOC NR, que nous avons intégré récemment à notre offre de formation en ligne. Enfin, sur le volet inclusif, nous élaborons actuellement notre stratégie pour un numérique inclusif avec la Direction Solidarité Insertion et les territoires. Nous tâchons de déployer de nouvelles actions de sensibilisation régulièrement avec le service de la communication interne, dans le cadre plus général de la diffusion de la stratégie de résilience votée par le Département.
| Quelles actions en faveur du NR avez-vous mises en place et dont vous êtes particulièrement fier ?
La refonte des infrastructures et le déménagement d’un de nos datacenters a permis de faire une économie de 40% à 60% en termes d’énergie électrique.
Les scénarios de projection en termes d’impacts pour l’équipement des collèges a permis de qualifier des équipements plus sobres, réduisant fortement l’impact du nouveau plan numérique des collèges à un moment où le périmètre s’accroît.
Les actions de sensibilisation menées depuis plus de 3 ans ont permis une prise de conscience générale. Elles ont également permis de faire acter plus facilement des décisions relevant le niveau d’acceptation de la politique d’équipement.
| Quelles prochaines actions avez-vous prévues pour progresser dans votre démarche NR ?
La mise en place de tableaux de bord de suivi annuel pour mieux suivre les évolutions de l’empreinte de nos SI et la formation des équipes à l’écoconception pour le développement applicatif.
Notre offre d’intervention dans les réunions de service, pour sensibiliser au plus près les équipes, va être enrichie et rendue plus accessible.
Une communauté d’experts internes autour de notre Direction (Archives, DPO, Communication interne, service environnement…) se réunit régulièrement pour échanger sur les nouvelles actions autour de la sobriété numérique et produit de nombreuses idées pour avancer concrètement ! L’intégration de la thématique numérique responsable au périmètre de nos référents numériques dans les directions et services, ainsi que la formation associée, ont ainsi pu être identifiées. C’est une manière d’engager le plus largement possible les services.
Nous avons également enclenché dernièrement les exigences liées à la loi AGEC pour l’achat de nos équipements.
Enfin, comme nous le citions précédemment, un projet pour mieux définir les actions pour un numérique inclusif est en cours. Il intégrera notamment le développement d’un cursus de formation à destination des agents pour l’accompagnement numérique des usagers.
| Pour terminer, avez-vous un conseil à donner ou une idée forte à transmettre aux signataires de la charte ou ceux qui souhaiteraient s’engager ?
Il faut intégrer ce sujet dans la stratégie et la gouvernance comme un aspect aussi important que la sécurité numérique ! Et la première action fondamentale à mettre en œuvre est de former l’équipe managériale en charge des questions numériques à ce sujet pour que la prise en compte se fasse sur l’ensemble des thématiques de manière collégiale et transversale. En faire un projet d’équipe est le levier le plus efficace. Il ne faut pas négliger l’édification de documents structurants comme la politique d’équipement, ou d’achat qui se déclineront et auront à terme le plus d’impact concret.