PartageNR #5 | Guillaume Gallon, Co-fondateur, Made-Up
11/12/2020 par INR
Guillaume Gallon, Co-fondateur de Made-Up partage pour nous l’engagement de l’entreprise pour un numérique plus responsable.
| Bonjour Guillaume, pour commencer, pouvez-vous nous présenter Made-Up ?
Made-Up est une société active depuis Juillet 2020 qui s’est construite avec l’idée de proposer un conseil en technologie pragmatique et responsable.
« Le leitmotiv de cette société n’est pas simplement de guider et conseiller mais également de faire. Nous sommes convaincus qu’une idée n’est bonne que si elle trouve une réalité. »
A date, les équipes s’organisent autour de quatre principaux acteurs qui sont Jérôme Huebra – Co-fondateur, Ivan Bies, Cyril Portales et moi-même. En tout, une petite dizaine d’experts qui travaillent sur des sujets tels que la data, le cloud, l’analytique dans des secteurs d’expertise allant des médias, à la mode en passant par l’industrie pour laquelle nous estimons que les enjeux sont majeurs. Nous sommes localisés en Ile de France mais intervenons sur l’ensemble du territoire, nos premières activités nous ont d’ailleurs conduit à intervenir pour des entreprises en outre-mer.
| Pour quelles raisons avez-vous signé la charte NR ?
La charte est une première étape qui nous sensibilise chaque jour à réfléchir et intégrer chacun des engagements qui lui sont associés. Elle nous permet également d’en diffuser l’importance autours de nous que ce soient auprès de nos partenaires, de nos clients et ou tout simplement nos nouveaux collaborateurs. La charte pose le cadre dans lequel nous évoluons, toutefois nos collaborateurs s’inscrivent également dans une démarche de formation et de certification à titre individuel pour pouvoir également en parler et porter ces sujets.
| Comment votre engagement pour un numérique responsable se traduit-il dans votre politique RSE ?
A ce stade notre politique RSE s’inscrit au sein du manifeste que nous avons mis en place lors du lancement de nos activités. Ce dernier décrit essentiellement des valeurs que nous pourrions résumer ainsi :
- l’humain et le bien-vivre sont essentiels et ce d’autant plus dans un monde de technologies ;
- faire moins pour faire mieux et cultiver ainsi la qualité et le durable qui sont, pour nous, deux axes de reconnaissance dans nos métiers ;
- être accessible et rendre accessible les savoirs et les connaissances… factualiser et faire preuve de transparence, montrer comment faire pour rendre libre et conscient ;
- cultiver des technologies et méthodologies disruptives pour ne pas oublier que l’ingénierie ne se résume pas qu’à consommer et déployer des services ;
- faire preuve de bon sens et de sens pratiques.
« Ces fondements nous permettent chaque jour faisant de construire des nouveaux comportements et valeurs auprès de nos collaborateurs et clients pour redessiner une informatique que nous souhaitons la plus consciente et responsable possible. »
| Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ?
Une des principales difficultés rencontrées à ce jour est qu’être numérique responsable est trop souvent amalgamé à simplement réduire son empreinte carbone. Certes, c’est un point important, toutefois s’il est nécessaire, il n’est pas suffisant pour adresser l’entièreté du scope du NR. Nous sommes par ailleurs convaincus que ce sujet est un sujet multidimensionnel et complexe et qu’il faille donc l’appréhender dans sa complétude pour que les résultats qui en découlent soient clairement préhensibles et non objectables.
Voici un article qui en fait état : « Energie ou eau, le choix cornélien de Google ».
| Vous faites partie du groupe de travail « Architecture informatique Responsable » de l’INR, pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?
Nous nous sommes engagés et avons lancé ce groupe de travail suite à de nombreuses discussions avec Vincent Courboulay et Benjamin Duthil car nous souhaitions pouvoir inscrire le numérique responsable dans une approche globale et systémique pour répondre aux enjeux que relèvent les entreprises chaque jour. On pourrait penser que le fait d’adresser l’écoresponsabilité au niveau de la conception d’un logiciel ou sur le choix des outils puisse être suffisant, il n’en est en fait rien. L’applicatif longtemps considéré comme le cœur des systèmes informatiques n’en est en fait qu’une composante. Les entreprises et organisations sont en pleines mutations : acquisition, fusion, repositionnement client, intelligence collective et désormais écologique, raisonnable et/ou responsable, cloud, IoT, BigData, intelligence artificielle … se mettent en place sur un patrimoine SI qui n’est naturellement pas préparé. Le temps ou les DSI dépensaient sans compter est fini. Les cycles de vie des marchés, des organisations, des technologies et des stratégies évoluent de plus en plus vite. Les entreprises et les organisations ont un besoin urgent d’évolution permanente.
« La DSI longtemps considérée comme fonction support devient acteur des R.O.I. attendus pour son entreprise, elle s’ouvre donc aux nécessaires contributions qu’elle doit apporter pour l’ensemble des business de son écosystème. »
Le scope et la définition même des DSI évoluent. L’architecture et l’urbanisation leurs permettent cet accompagnement en considérant tout à la fois la rationalisation des parcs machines et applicatifs et l’intégration des axes stratégiques, dont celui du NR, nécessaires aux évolutions qu’impose la réactivité des marchés actuels ainsi que les attendus clients.
Notre proposition autour de ce Think Tank est de créer et partager cette conscience d’une approche qui se doit d’impliquer tout aussi bien la gouvernance, que les métiers… que les couches fonctionnelles, applicatives et les infrastructures pour plus de performance, d’agilité et d’efficience de l’entreprise : à savoir une optimisation des ressources utilisées pour un même résultat.
Nous avons ainsi pu évoquer les approches micro-services, container, autoscalling qui en augmentant la granularité des ressources utilisées permettent d’arriver à un meilleur contrôle de la consommation en fonction de la charge… cela va dans le sens d’une agilité dynamique de l’entreprise très différente de l’approche courante qui cale les ressources sur le max estimé. C’est un exemple parmi tant d’autre, nous avons également débattu dernièrement tout aussi bien sur le sens et le périmètre de l’accessibilité trop souvent limités à des formes de handicap uniquement visuels ou à l’importance des bonnes pratiques pour éviter les effets rebonds ou quant à l’importance non négligeable des dark and bad data dans nos SI.
Les objectifs de ce groupe de travail sont de passer ainsi au scanner chacune des activités de l’entreprise, pour en identifier les métriques et pratiques clefs dans des objectifs NR. Ces derniers font l’objet de la production d’indicateurs pour permettre à tout un chacun de mesurer son niveau de maturité sur chacune des thématiques et de disposer d’un outil pour en piloter la mise en œuvre.
L’objectif étant à termes de proposer un livre blanc regroupant l’ensemble de ces éléments. Nous nous sommes donnés les mois d’hiver pour le co-rédiger et le consolider dans une première version.
| Quelle action en faveur du NR avez-vous mis en place et dont vous êtes particulièrement fier ?
Mon lien avec le Numérique Responsable a démarré il y a plus de dix ans déjà, lorsque j’étais à la direction du pilotage de la performance chez Veolia Eau. La mission de l’équipe était de mettre en place le projet ServO, un nouveau centre de pilotage intégré au SEDIF (Syndicats des Eaux d’Île-de-France). Un système innovant pour la gestion des services d’eaux urbains ainsi que la prévention des risques, notamment avec les enjeux environnementaux.
Ce projet a suscité un intérêt particulier chez l’équipe avec l’envie d’aller plus loin et de partager les modèles de performance environnementale à d’autres contextes et entreprises. L’équipe qui a conçu et mis en place ce projet n’est autre que les collaborateurs que nous retrouvons chez Made-Up.
| Quelles prochaines actions avez-vous prévues pour progresser dans votre démarche Numérique Responsable ?
Nous souhaitons déployer toute une série d’outillage pour mesurer, guider et encadrer les pratiques NR au sein des départements des entreprises.
| Pour terminer, avez-vous un conseil à donner ou une idée forte à transmettre aux signataires de la charte ou ceux qui souhaiteraient s’engager ?
Vouloir être NR pour une entreprise c’est d’abord en comprendre ses valeurs et surtout d’y faire adhérer l’ensemble des parties prenantes : employés, partenaires et clients. C’est pour nous le gage de réussite pour une telle démarche.
« Il est également essentiel que chacun partage et comprenne toute l’importance de concevoir, produire et consommer des services qui répondent à des usages qui font sens de sorte à veiller à ce qu’ils soient Utiles, Utilisables et Utilisés. »
Découvrir l’agence Made-up : https://www.made-up.eu/
Interview réalisée par Laurie ALBANO,
Chargée d’animation du réseau des signataires de la charte NR